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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 11:00

bordageRésumé

 

Nous sommes à la fin du siècle dernier, un chroniqueur distancié nous raconte la vie de Martial Bonneteau, un petit employé à la quarantaine aigrie, mal mariée à une femme épaisse et acariâtre qu'il n'a jamais pu satisfaire sexuellement, père de deux fils aussi tristes que lui et d'une fille qui se cherche ; Martial est un médiocre qui enfouit dans la routine et le mépris de soi les frustrations d'une existence de clone parmi les clones. Et puis un matin, de micro-événements en micro-événements, un regard dans le métro, un retard au bureau, Martial Bonneteau va légèrement diverger de son chemin quotidien bien tracé, et c'est tout son univers normé qui commence à se lézarder… Soudain livré à un confus désir de vivre, notre anti-héros va connaître bien des mésaventures : d'abord généreusement initié au sexe et au plaisir par une prostituée de la rue St-Denis, il va abattre un par un les murs qui emprisonnait sa vie : retour au foyer, réaction des proches et des collègues, scènes de ménages, hystérie familiale, coaching psychologique… Les scènes d'anthologie se succèdent sur un rythme de comédie ou de théâtre de boulevard, et on rit beaucoup. On rit surtout du portrait au vitriol, presque cynique, que brosse Bordage de nos aliénations ordinaires. Jusqu'à la disparition du clone, où, après l'ironie et l'humour noir, on retrouve l'écrivain qui nous parle mieux que tout autre d'humanité.

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Avis de lecture

 

   Pierre Bordage fait le portrait de Martial, un quarantenaire à la vie bien réglée, un clone. Trop vite marié à une femme qu'il a mise enceinte dès leur première relation, s'ensuit la rapide conception de deux autres enfants. Frustrée, insatisfaite sexuellement par ce mari, ils arrêtent là tout rapport. Dès lors, leur vie morne et ennuyeuse s'écoulent lentement. Martial s'est donc laissé enfermer dans cette vie, s'oubliant lui-même pour se fondre dans la famille, et a assumé ses responsabilités sans les désirer.

   Mais un jour, un matin, Martial dit NON. C'est le début d'une guerre entre Monsieur et Madame, le début d'une révolution intérieure pour Martial ou son JE s'impose. En l'espace de 24 heures, sa vie a totalement basculée : après des années d'abstinence, il va voir une prostituée qui le guérit et fait de lui un amant exceptionnel, il découvre que sa femme le trompe, que sa fille sèche ses cours de coiffure, pour faire des films porno afin de gagner de l'argent pour se droguer. Il prend conscience du père absent qu'il était et se rapproche de sa fille, retrouve une certaine complicité.

   J'ai apprécié cette première partie de l'histoire, en revanche la deuxième partie du récit avec le départ de Martial à un séminaire m'a paru un peu barré, notamment lors de ces excursions dans la forêt, de ses moments de communions avec la nature. Mais tout cela s'inscrit  dans la continuité d'une rencontre avec soi, d'une redécouverte de soi.

   Le sujet du livre, l'histoire m'a plu dans le fond. En revanche, la forme, le style de l'auteur est surprenant, déroutant. Dans un langage cru, la sexualité notamment est décrite, décortiquée à l'extrême. La sexualité est un thème très présent ici. Le sexe témoigne de la virilité retrouvé de Martial, mais aussi de l'accomplissement de soi. J'ai trouvé cela assez réducteur, mais c'est ce qui semble ressortir du personnage.

Bordage décrit également le quotidien avec un langage très acéré, critique et ironique. L'emploi de cette humour noir sert à critiquer les travers de l'homme, de la société, mais ce regard porté sur le quotidien pour quelqu'un de mon âge, (la petite vingtaine) peut-être assez troublant. Bordage fait ainsi le portrait de ses personnages pleins d'amertumes, de frustrations et englués dans une vie qui ne les comblent pas... Mais ce que Bordage fait passer au final c'est qu'un jour le JE se manifeste, prend le dessus. L'individu est important et je crois que cela l'est plus encore dans notre société aujourd'hui. Finalement Martial trouve un certain équilibre entre sa famille et son accomplissement personnel.

 

Quelques citations pour vous donner une idée du style d'écriture de l'auteur :

 

p.71: "qu'est-ce qui t'as pris ce matin ? Complètement dingue ! Comment justifier une telle aberration comportementale à Madame ?... Quel frelon t'as piqué ? Et tes monstres affamés, assoiffés de ta substance, qui se réveillent, qui déjà te vampirisent, comment les obliger à réintégrer les égouts d'où ils n'auraient jamais dû sortir ?"

 

p.156 : " Si je comprends bien, fit-il d'un ton las, un trouble de comportement, c'est lorsque l'on fait des choses différentes de celles qu'on a l'habitude de vous voir faire ?" (c'est Martial qui dit cela)

 

p.177 : " La chaleur lourde de ce mois de juin, les rafales d'odeurs corporelles, les aisselles suantes, les parfums décomposés, les poubelles parisiennes non ramassées se conjuguaient pour créer une moiteur de jungle tropicale, une puanteur de ménagerie à l'abandon."

 

p.241 : "Clone : depuis le temps que nous en parlons, il serait sans doute temps d'essayer d'aborder la notion de clone. Il s'agit en principe d'un double parfait, ou d'une copie de soi-même. Cependant nul besoin d'une duplication génétique pour engendrer un clone, il suffit de se forger une identité factice, une projection mentale, une vague imitation de soi-même, une ombre qu'on s'ingénie à prendre pour la réalité."

 

  Merci à Babelio de m'avoir permis de lire ce livre.

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